On sait que les Druides privilégiaient la transmission orale de leurs enseignements. On entend parfois que la parole écrite est morte et que la transmission orale serait « meilleure » ou « supérieure » à toute autre.
On peut se demander pourquoi. Pendant des siècles, presque tout était transmis de façon orale. La première raison est bien sûr l’illettrisme. Il est cependant difficile de défendre l’idée que les Druides étaient illettrés. Certaines inscriptions prouvent le contraire.
Certains ont dit que l’oralité accordait un certain pouvoir. On ne pouvait trouver la connaissance qu’en trouvant quelqu’un pour vous la transmettre, et pour vous donner les clefs qui vont avec. Il y a là une vérité importante. Dans notre société de l’écrit, nous avons accès à une très grande quantité d’informations. Cependant, ceci n’a pas changé notre monde pour le meilleur et cette avalanche de renseignements ne nous donne pas les clefs tant désirées. Dans notre domaine, « l’information » n’a finalement que peu d’importance. La « transformation » est plus proche de notre façon de faire.
Lorsqu’on parle de recette de cuisine, l’écrit ne pose pas trop de problème. 3 pincées de sel ne sont pas égales à 3 cuillères à soupe. Mais lorsque nous parlons de spiritualité, les choses sont très différentes. Le texte peut devenir un obstacle et il le devient souvent. Prendre un rituel magique et en faire de la « cuisine » ne fonctionnera souvent pas très bien. Utiliser un texte comportant des symboles et l’appliquer tel quel peut causer des dégâts. Il y a souvent de multiples interprétations d’un texte au delà de « l’histoire » qu’il raconte. Un symbole peut se dégrader dans toutes les couleurs de l’arc-en-ciel. Avant de tenter l’expérience, il est nécessaire d’avoir compris quelque chose de l’arc-en-ciel. C’est ce qui fait la richesse d’un texte mythique. Et là, l’écrit n’a qu’une importance relative. Ce travail n’est pas fait en 5 minutes. Il prend du temps et les choses se dévoilent petit à petit.
Cette façon de faire est à l’image d’un cheminement druidique. Du temps. Nous en manquons souvent avec notre façon de vivre plus que stressée. A leur manière, les anciens manquaient aussi de temps. On vivait beaucoup moins vieux à l’époque des druides que maintenant. La question est la même et le cheminement est lui aussi semblable. Il s’agit parfois de priorités.
On dit parfois aussi qu’écrire fige les choses. L’écriture fige effectivement si on adopte une lecture littérale et qu’on oublie les images du texte. Les textes nous rapportant les mythes gallois et irlandais nous ont beaucoup apportés sur la spiritualité de nos ancêtres. Et pourtant ils sont écrits ! Leur écriture est si pleine de symboles qu’une lecture au niveau de l’histoire qu’elle raconte est rapidement lassante.
La question de la mémoire se pose. L’appris par coeur ne résout pas tous les problèmes. On peut apprendre sans comprendre tout comme on peut lire sans comprendre ce que l’on lit. L’appris par coeur est cependant un outil d’intégration. Et parfois la répétition conduit à des révélations. Il a une certaine fiabilité qui est cependant liée à la mémoire du transmetteur. A ce niveau, l’écrit est peut-être plus fiable quoi que nous ne soyons pas à l’abri d’erreurs de copie. Le grand avantage de la transmission orale est la transmission de la signification, du sens de ce qui est appris. Donner du sens fait partie des tâches du druide envers ses cheminants ou ses « apprentis ». Et apprendre à donner du sens en fait aussi partie.
La communication « druidique » comporte beaucoup d’images et de symboles. Apprendre à les décrypter, à lire entre les lignes est une forme de communication intéressante et très révélatrice. Si je dis qu’un objet est couleur « ciel », je peux parler de bleus, de blancs, de gris, de rouges et de jaunes, etc… Suivant ce que vous comprenez, vous révélerez quelque chose de plus intéressant pour un travail spirituel que si je dis que l’objet mentionnée est « bleu ciel ».
Cette forme de communication et de transmission est intéressante pour un travail spirituel. Elle l’est nettement moins pour d’autres choses où la précision et la rigueur sont de mise. Si vous dites à une infirmière de donner au patient « du bout du couloir » le médicament qui est sur l’étagère de la pharmacie…. Dans une situation comme celle là, il est indispensable de mentionner le nom de la personne, le nom du médicament et son dosage.
La communication symbolique comporte aussi ses dangers. Il y a mille et une façons de se perdre. L’objectif n’est pas d’arriver au but le plus vite possible mais de faire le cheminement nécessaire. Ce cheminement est souvent fait d’errances, de mauvais temps et de brouillard, parfois de soleil aussi. Mais il est riche.
Lors de l’arrivée du christianisme, la société celtique traditionnelle s’est trouvée devant un dilemme. Les anciens mythes sombraient dans l’oubli. Et écrire ce genre de chose ne se faisait pas. Quelle solution adopter ? Les écrits qui nous ont été transmis sont structuré d’une façon géniale. Ils respectent les habitudes druidiques de l’interprétation et des symboles. Une personne n’ayant pas la connaissance ou la clé permettant de comprendre arrêtera rapidement sa lecture qu’elle trouvera probablement très étrange. Le texte n’aura que peu de sens. Par contre, il prendra un certain relief si on prend le temps d’assimiler les symboles du druidisme. Ceux qui ont écrits leurs mythes ont donc fait une oeuvre de maître : transmettre sans donner le sens. Ils ont donc respecté la culture antique orale et l’ont préservée de l’oubli. Nous n’avons pas toujours cette sagesse mais lorsque nous employons l’écrit, c’est vers ceci que nous devons tendre…
Bonjour Kermailune ,
Je Découvre via le Blog de Yavanna ,
Votre Chemin dans la Forêt ,
Merci pour Cette Lumière ma Foi ,
Bon Vent à Vous en Terres d’Orées .
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NéO~
Bonjour et merci pouv votre commentaire.
Que cette lumière de la forêt vous accompagne.
Kermailune